Capsule Digitale

Une saison en enfer (Vol. 4/6)

Una selezione di versi tratti dalla sola opera pubblicata da Arthur Rimbaud vivente e l’unica delle sue opere che si possa considerare compiuta.

Traduzione di Adriano Marchetti*

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Odilon Redon, L’art céleste, 1894

DÉLIRES I

Vierge Folle
L’époux Infernal

[…]

«Parfois il parle, en une façon de patois attendri, de la mort qui fait repentir, des
malheureux qui existent certainement, des travaux pénibles, des départs qui déchirent les
coeurs. Dans les bouges où nous nous enivrions, il pleurait en considérant ceux qui nous
entouraient, bétail de la misère. Il relevait les ivrognes dans les rues noires. Il avait la pitié
d’une mère méchante pour les petits enfants. — Il s’en allait avec des gentillesses de
petite fille au catéchisme. — Il feignait d’être éclairé sur tout, commerce, art, médecine.
— je le suivais, il le faut!
«Je voyais tout le décor dont, en esprit, il s’entourait; vêtements, draps, meubles: je lui
prêtais des armes, une autre figure. Je voyais tout ce qui le touchait, comme il aurait
voulu le créer pour lui. Quand il me semblait avoir l’esprit inerte, je le suivais, moi, dans
des actions étranges et compliquées, loin, bonnes ou mauvaises: j’étais sûre de ne jamais
entrer dans son monde. À côté de son cher corps endormi, que d’heures des nuits j’ai
veillé, cherchant pourquoi il voulait tant s’évader de la réalité. Jamais homme n’eut pareil
voeu. Je reconnaissais, — sans craindre pour lui, — qu’il pouvait être un sérieux danger
dans la société. — Il a peut-être des secrets pour changer la vie? Non, il ne fait qu’en
chercher, me répliquais-je. Enfin sa charité est ensorcelée, et j’en suis la prisonnière.
Aucune autre âme n’aurait assez de force, — force de désespoir! — pour la supporter,
— pour être protégée et aimée par lui. D’ailleurs, je ne me le figurais pas avec une autre
âme: on voit son Ange, jamais l’Ange d’un autre — je crois. J’étais dans son âme comme
dans un palais qu’on a vidé pour ne pas voir une personne si peu noble que vous: voilà
tout. Hélas! je dépendais bien de lui. Mais que voulait-il avec mon existence terne et
lâche? Il ne me rendait pas meilleure, s’il ne me faisait pas mourir! Tristement dépitée, je
lui dis quelquefois: «je te comprends.» Il haussait les épaules.

[…]

 

Vergine Folle
Lo Sposo Infernale

[…]

«A volte parla, in una specie di dialetto intenerito, della morte che fa pentire, dei
disgraziati che certamente esistono, dei lavori duri, delle partenze che straziano i cuori.
Nelle taverne dove ci ubriacavamo, piangeva osservando quelli che ci stavano intorno,
bestiame della miseria. Nelle vie buie rialzava gli ubriachi. Aveva la pietà d’una madre
cattiva per i piccini. – Se ne andava con le garbatezze da bimbetta al catechismo. –
Fingeva di essere edotto su tutto, commercio, arte, medicina. – Lo seguivo, lo devo!
«Vedevo tutto lo scenario di cui, in spirito, si circondava: vestiti, drappi, mobili; io gli
attribuivo armi, un’altra faccia. Intuivo tutto ciò che lo riguardava, come lui stesso
avrebbe voluto crearselo. Quando mi pareva che avesse lo spirito inerte, ero io a seguirlo
lontano, in azioni strane e complicate, buone o cattive: ero sicura di non entrare mai nel
suo mondo. Quante ore di notte ho vegliato accanto al suo caro corpo addormentato,
indagando perché egli volesse tanto evadere dalla realtà. Mai uomo ebbe simile
ambizione. Riconoscevo, – senza temere per lui, – che potesse rappresentare un serio
pericolo nella società. – Detiene forse dei segreti per cambiare la vita? No, mi rispondevo,
non fa che cercarne. Insomma, la sua carità è stregata, e io ne sono prigioniera.
Nessun’altra anima avrebbe abbastanza forza – forza di disperazione! – per sopportarla,
– per essere da lui protetta e amata. Del resto, non me lo figuravo con un’anima diversa:
si vede il proprio Angelo, mai l’Angelo altrui, – io credo. Ero nella sua anima come in un
palazzo che è stato sgomberato per non vedere una persona ignobile come voi: ecco
tutto. Ahimè! dipendevo proprio da lui. Ma che pretendeva con la mia esistenza scialba e
vile? Se non mi faceva morire, non mi rendeva certo migliore! Tristemente indispettita,
talvolta gli dissi: “Ti capisco”. Lui alzava le spalle.
[…]